Lutte contre les maladies d'origine alimentaire au Burkina Faso grâce à une approche « Pull-Push »

Chaque année, 600 millions de personnes dans le monde tombent malades à cause d'aliments contaminés et 420 000 en meurent, dont de nombreux jeunes enfants. La charge des maladies d'origine alimentaire est particulièrement élevée en Afrique, où les maladies et les décès qui en résultent sont comparables à ceux causés par les principales maladies infectieuses telles que le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida. 

Au Burkina Faso, le secteur de la volaille est au cœur du développement socio-économique, rapportant 140 millions USD (85 milliards de FCFA) chaque année. Cependant, au plan national, la perception des risques liés à la sécurité sanitaire des aliments est limitée. Une évaluation de la chaîne de valeur réalisée par l'ILRI révèle que les consommateurs de volaille et de légumes du Burkina Faso sont exposés à un risque élevé de maladies d'origine alimentaire, en grande partie en raison de techniques de transport, d'abattage et de cuisson inadéquates. Ces maladies d'origine alimentaire ont non seulement des effets dévastateurs sur la santé, mais contribuent également à des pertes de productivité, à des dépenses médicales et à d'autres coûts économiques.

Le projet Pull-Push mené par l'Institut International de recherche sur l'élevage (ILRI), est mis en œuvre au Burkina Faso et en Ethiopie pour améliorer la sécurité sanitaire des aliments sur les marchés informels. Dans le passé, les initiatives visant à améliorer la sécurité sanitaire des aliments au Burkina Faso se sont concentrés sur la formation des producteurs et n'ont accordé que peu d'attention aux incitations au changement de comportement, en particulier chez les consommateurs. Au cœur du projet Pull-Push se trouve cependant l'idée que les approches « pull » (demande d'aliments sains) et « push » (offre d'aliments sains) doivent être mises en œuvre conjointement - en mettant l'accent sur l'influence des comportements - pour produire des améliorations durables en matière de sécurité sanitaire des aliments.

Cela commence par la formation des régulateurs de la sécurité sanitaire des aliments sur les bonnes pratiques, l'hygiène et la manipulation des aliments. La dernière formation, qui s'est tenue à Ouagadougou du 14 au 18 février 2022, visait à fournir aux régulateurs alimentaires une compréhension générale des risques liés à la sécurité sanitaire des aliments dans le pays ainsi que la façon dont ils peuvent mieux les évaluer et les gérer. Ces sessions de formation devraient permettre d'accroître les connaissances et la sensibilisation des régulateurs afin de mieux garantir des pratiques de sécurité sanitaire des aliments appropriées dans le pays. 

Outre les régulateurs, les sessions de formation du projet visent également à donner aux vendeurs d’aliment les moyens de mettre en œuvre les bonnes pratiques grâce à des messages ciblés, des outils simples, un suivi par les pairs et une meilleure organisation. Cela permettra d'améliorer les connaissances, l'attitude, les techniques de cuisson et les pratiques hygiéniques des vendeurs, ce qui en définitive permettra de réduire la contamination des aliments. Les vendeurs recevront également des certificats attestant de leur professionnalisme, ce qui les incitera à changer de comportement et à améliorer leurs pratiques en matière de sécurité sanitaire des aliments.

En définitive, la formation combinée des régulateurs de la sécurité sanitaire des aliments, des vendeurs et des autres acteurs de la chaîne de valeur est une condition préalable à l'établissement de systèmes alimentaires efficaces et sûrs au Burkina Faso. Mais elle ne peut cependant pas suffire à elle seule.

En outre, une campagne de communication menée par l'ILRI - et à laquelle ont participé divers partenaires, dont le ministère de la Santé et de l'Hygiène publique et le ministère de l'Agriculture et de l'Élevage - a été lancée le 24 mars 2022 dans le cadre du projet pour présenter les supports de communication de la campagne aux parties prenantes.

La volaille, qui représente 6 % du produit intérieur brut (PIB) agricole total du Burkina Faso, a été choisi comme cible de la campagne en raison du risque de transmission de maladies d'origine alimentaire aux consommateurs dans le secteur de la volaille. Les pratiques dangereuses, telles que celles décrites dans l'évaluation de la chaîne de valeur ci-dessus, ont été identifiées comme faisant partie des principaux problèmes.

La campagne, qui doit durer 9 mois à partir de juin 2022, est mise en œuvre par Mediacom, l’agence de communication la plus célèbre au Burkina Faso. Pour relayer l'information aux consommateurs, ils ont utilisé plusieurs approches dont des visuels, des affiches, des spots vidéo et des capsules. Les messages sur les bonnes pratiques en matière de sécurité sanitaire des aliments seront également diffusés à la télévision, sur Facebook, Twitter et sur un site web dédié. 

Une affiche de la campagne de communication (« Choisir le bon point de vente pour mieux manger »)

Le projet Pull-Push est associé à quatre autres projets de sécurité alimentaire dans le pays, avec la participation de l'Université d'État de l'Ohio, de l'Université d'Addis-Abeba, de l'Université technique du Danemark, de l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), et le financement de la Fondation Bill et Melinda Gates ainsi que du Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement du Royaume-Uni.

Un autre projet connexe est le projet Poultry Losses and One Health (POLOH) qui vise à réduire les pertes économiques et la transmission des zoonoses dans le pays grâce à des interventions « Une seule santé » au niveau de chaque exploitation, en accordant une attention particulière aux maladies des volailles. En formant les producteurs et les vendeurs de volailles à de bonnes pratiques agricoles et commerciales, le projet vise à améliorer la sécurité alimentaire, la productivité et les moyens de subsistance dans le secteur en tenant compte de la dimension genre. En améliorant les soins et la santé des poules, le bien-être des animaux sera également amélioré.

Les maladies d'origine alimentaire, qui tuent chaque année près d'un demi-million de personnes dans le monde, exigent des solutions urgentes et mises en œuvre de manière stratégique. Le projet Pull-Push au Burkina Faso a pour objectif de fournir cette solution. Grâce à l'engagement des parties prenantes et au renforcement des capacités, l'approche intégrée du projet peut conduire à l'amélioration de l'environnement de la chaîne de valeur, à la réduction des maladies d'origine alimentaire, à la professionnalisation du secteur informel ainsi qu'à une meilleure gouvernance.